Germain Roesz

Germain Roesz

Germain Roesz

Il faut donner le principe de ces textes : être à un endroit (pour moi c’est généralement un bistrot).
Lire, enchaîner les mots rencontrés. Noter. Parfois un mot est pris au loin, au plus loin, puis, je retourne (le regard) à la table du bistrot pour un autre mot noté dans la mémoire inconsciente. Pour un autre fragment. Parfois lire à l’envers, décrypter. Lire à la limite de la myopie. Je n’invente pas. Ce que je ne vois pas je ne le note pas (c’est perdu). L’exercice est difficile. De l’attention. De la concentration. Les bruits alentour disparaissent. Parfois passe un bus, les panneaux publicitaires bougent. Des mots dans des miroirs, au travers des vitres.
Même cette notation échappe au réel. Les mots zappent, zippent, je dérape sur les mots. Les mots râpent sur moi.
Parfois je me contorsionne pour voir un mot, le mot. Le serveur me regarde d’un drôle d’air. Juste noter ce qu’on voit comme mot inquiète. Noter l’inquiétude.
Parfois le mot s’impose.
Enfin.
G.R.